La Revue Musicale

Découverte Musicale #1
Le Troisième Mouvement du Concerto pour Violon n°3 de Saint-Saëns : Un Feu d’Artifice Musical
Un Final Spectaculaire : Pourquoi ce mouvement frappe immédiatement ?
Imaginez une course-poursuite à couper le souffle : le héros s’élance à toute vitesse, poursuivi par une force invisible. Il bondit, esquive, accélère encore… puis tout à coup, un moment de flottement, un instant suspendu. Le danger semble passé… et pourtant, c’était juste une pause avant le sprint final.
C’est exactement ce que l’on ressent en écoutant le troisième mouvement du Concerto pour violon n°3 de Saint-Saëns. Ce n’est pas juste un passage virtuose où le violoniste enchaîne les notes à toute vitesse. C’est une histoire en musique, un échange haletant entre le soliste et l’orchestre, une montée en tension qui explose dans un final grandiose.

Ce concerto a été écrit par Camille Saint-Saëns, un compositeur français souvent décrit comme un homme entre deux mondes. Trop moderne pour les conservateurs, trop classique pour les avant-gardistes, il était pourtant un maître du raffinement et de la clarté musicale. Son objectif n’était pas de choquer ou de révolutionner, mais de créer une musique qui respire, qui séduit immédiatement. Comme il le disait lui-même :
"La musique doit d’abord plaire, et ensuite émouvoir."
Et ce troisième mouvement en est un exemple parfait : on est happé dès la première note, et l’énergie ne retombe jamais.
Sarasa-quoi ? L’Espagne qui électrise la France
Pourquoi ce mouvement a-t-il cette énergie unique, ce rythme dansant ? Pourquoi n’a-t-il rien à voir avec les grands concertos allemands plus massifs et imposants ?
La réponse se trouve dans la fascination des Français pour l’Espagne au XIXe siècle. À cette époque, l’Espagne est vue comme une terre de contrastes, où la musique est aussi bien ardente et sauvage que délicate et chantante. De nombreux compositeurs français s’inspirent de ses rythmes et de son expressivité pour donner du piquant à leur musique :
- Bizet compose Carmen (1875), une histoire où l’Espagne est synonyme de passion et de danger.
- Lalo écrit sa Symphonie Espagnole (1874), inspirée par un violoniste légendaire : Pablo de Sarasate.
- Saint-Saëns lui-même compose plusieurs œuvres aux accents espagnols, comme le Rondo Capriccioso et la Jota Aragonesa.
C’est ici qu’arrive Pablo de Sarasate, le violoniste qui a changé la donne. Ce n’était pas seulement un virtuose impressionnant, c’était une star internationale, un musicien dont le jeu fascinait par sa fluidité, sa clarté et son absence totale d’effort apparent. Contrairement à d’autres violonistes qui se donnaient en spectacle avec des gestes grandiloquents, Sarasate jouait avec une aisance surnaturelle.
Le célèbre écrivain et critique George Bernard Shaw dira de lui :
"Sarasate jouait si bien que la critique elle-même n’arrivait pas à suivre."
Et ce n’est pas tout. Sarasate avait une vision très spécifique du concerto. Il ne voulait pas d’une œuvre où le soliste écrase l’orchestre avec des passages démonstratifs et grandiloquents. Il voulait un dialogue vivant, une joute théâtrale où chaque note a un sens.
"Sarasate voulait interagir avec l’orchestre comme un personnage dramatique, pas juste comme une machine virtuose."
Un Concerto Pensé Pour Sarasate : Clarté et Virtuosité
Saint-Saëns et Sarasate se connaissaient personnellement. Le compositeur savait exactement comment écrire pour lui. Pas de notes inutiles, pas d’effets gratuits : chaque passage est pensé pour que le violon chante et danse avec l’orchestre.
Le troisième mouvement de ce concerto en est la preuve :
- Le violon ne lutte pas contre l’orchestre, il joue avec lui.
- Il n’y a pas de lourdeur, mais une énergie constante qui ne s’épuise jamais.
- L’écriture est virtuose, mais jamais démonstrative.
Trois Moments Inoubliables de ce Troisième Mouvement
1️⃣ Le Départ Fulgurant Dès le début, on est projeté dans un tourbillon sonore. Le violon s’élance à toute vitesse, poursuivi par l’orchestre qui ne le lâche pas d’une seconde.
2️⃣ Le Moment Suspendu – L’Instant de Silence Après cette course effrénée, tout ralentit. L’orchestre passe en mode mineur, et le violon hésite. On a cette sensation de suspense… comme si le soliste retenait son souffle avant le grand final.
3️⃣ L’Explosion Finale C’est ici que tout s’emballe. Le violon accélère encore, on sent l’orchestre sur le point d’exploser, et enfin… une dernière note éclatante comme un feu d’artifice sonore.
Pourquoi Ce Troisième Mouvement Est Toujours Aussi Percutant ?
Même sans connaître la musique classique, on peut ressentir ce qui se passe. Ce n’est pas juste un morceau de violon virtuose, c’est une histoire en musique, avec des rebondissements, du suspense, et une montée en tension spectaculaire.
C’est ce qui fait que ce concerto est encore joué partout dans le monde aujourd’hui!
"Le troisième mouvement du Concerto pour violon n°3 de Saint-Saëns est fascinant à jouer. Il demande à la fois une précision rythmique et une précision mélodique, ce qui lui donne une dynamique unique, presque comme le troisième mouvement du Concerto de Sibelius. L’orchestre, loin d’être un simple accompagnateur, est un véritable support au soliste, créant un dialogue qui rend l’œuvre d’autant plus captivante. C’est sans doute le plus réussi et le plus complet des concertos pour violon de Saint-Saëns, au point qu’aujourd’hui, c’est pratiquement le seul qu’on joue encore." – Aurélien Baron, violoniste professionnel
Trois Versions à Écouter Absolument
Itzhak Perlman – Une interprétation noble et élégante.
Maxim Vengerov – Une puissance éclatante et une virtuosité électrisante.
Julia Fischer – Un jeu raffiné mais caractériel, qui met en avant la clarté du mouvement.
À écouter en entier : Maintenant que vous avez les clés, laissez-vous porter par le troisième mouvement du Concerto n°3 et ressentez toute son énergie !